Nous vous proposons un entretien exclusif avec Joffrey Chalaphy, directeur des Grands Thermes de La Bourboule. Alors que la saison thermale 2024 touche à sa fin, il revient sur les défis et réussites de cette année marquée par d’importants travaux de modernisation. Entre bilan positif, perspectives pour 2025 et focus sur des initiatives autour de la cure post-cancer, découvrez comment l’établissement continue d’innover pour répondre aux attentes des curistes.
Pouvez-vous faire un bilan de la saison thermale 2024 à La Bourboule ?
Cette saison a été atypique, car nous n’avons pu utiliser que 30 % de la superficie de l’établissement en raison de travaux, qui s’achèvent progressivement. Malgré cela, nous enregistrons une hausse de fréquentation de 1,3 %, ce qui est satisfaisant dans un contexte national de stagnation entre -1 % et 0 %.
Les cures adultes et enfants progressent significativement, notamment la pédiatrie, avec une augmentation de plus de 10 %. Cela est très encourageant, surtout après la baisse liée au Covid. Pour les deux patientèles, nous sommes sur une dynamique positive.
Concernant le post-cancer, comment cela évolue-t-il ?
C’est un domaine où nous marquons le pas, car nous avons dû rediriger les primo-patients post-cancer vers d’autres stations en raison des contraintes liées aux travaux.
Le post-cancer est un axe central pour nous. Cette cure est un véritable sas de décompression pour les patients, qui se concentrent pendant trois semaines sur leur reconstruction et leur vie après la maladie.
Cependant, la cure est encore peu prescrite par les oncologues et méconnue des patients. Nous travaillons sur notre positionnement pour mieux sensibiliser les prescripteurs. Par ailleurs, le modèle économique doit être affiné, car tout ce qui entoure la cure (activités, soutien psychologique) n’est pas pris en charge. Nous cherchons un équilibre entre ce que l’établissement peut offrir et ce que le patient peut financer.
Où en êtes-vous dans vos travaux et les étapes de modernisation ?
Nous sommes dans les délais pour une ouverture partielle en avril 2025. Nous aurons alors un nouvel accueil, une boutique, le grand hall, un espace premium et un nouvel espace adulte. L’espace enfant, encore en travaux, sera prêt pour la saison estivale. Ce sera la première fois depuis 2020 que nous disposerons de l’intégralité de l’établissement pour une saison complète.
Rester ouvert pendant les travaux a été une décision difficile, mais nécessaire. Cela a demandé beaucoup d’organisation et d’accompagnement, tant pour le personnel que pour les curistes, qui ont heureusement bien compris la situation.
Il y a aussi un projet de maison de santé. Pouvez-vous nous en parler ?
Les travaux de la maison de santé devraient commencer en 2025, pour une livraison prévue en 2026. Ce complexe réunira médecine de ville et médecine thermale en un même lieu, bien que les entités restent distinctes. Nous espérons ainsi offrir une prise en charge plus globale des patients et développer des synergies autour de la prévention, notamment via le sport santé et la médecine thermale.
Vous avez participé récemment au Congrès Santé Intégrative. Quelle place occupe le thermalisme dans ce cadre ?
Le thermalisme a toute sa place dans la médecine intégrative. C’est une discipline scientifiquement approuvée et complémentaire dans l’arsenal des soins proposés par les oncologues ou médecins généralistes.
Nous mettons un point d’honneur à inscrire nos activités dans une démarche scientifique et médicale. Cela passe par l’évaluation qualitative et quantitative des bienfaits pour les patients. Ce sérieux nous permet de légitimer notre approche et de rester fidèles à notre mission de soigner de manière professionnelle.
Quelles sont vos perspectives pour la saison thermale 2025 ?
Nous prévoyons des nouveautés et des réorganisations, mais je pourrai en dire davantage en début d’année. Ce qui est sûr, c’est que nous proposerons une nouvelle expérience autour de l’eau thermale, plus axée sur le bien-être et le tourisme. Cela permettra de faire découvrir les bienfaits de l’eau thermale de La Bourboule à un public plus large et, pourquoi pas, de convertir certains curieux en curistes pour des courts séjours ou des cures libres.